6-8 nov. 2013 Montpellier (France)

Présentation

En s’appuyant sur la définition de la contre culture d’un Hans Ulrich Gumbrecht, selon lequel, la contre culture serait : « un ensemble d’actions symboliques qui s’opposent – sur le mode critique en proposant souvent des pratiques alternatives — à une culture officielle ou dominante », il convient, avant de pouvoir parler de contre culture, d’identifier la culture dominante d’aujourd’hui. Or, dans l’usage de la formule, l’idée de culture dominante reste paradoxalement associée à une culture dépassée, fondée sur une société coercitive avec ses rigidités, ses totalitarismes, ses contraintes tayloristes autoritaires et disciplinaires alors que depuis plus de cinquante ans, la culture postmoderne s’est immiscée et imposée, en suivant un processus historique qui s’est exprimé par des ruptures, des invalidations de codes, des transgressions dans tous les secteurs de l’existence comme dans l’art. Si au début des années 1960 la contre-culture est comprise comme un refus, une prise de position opposée à un ordre politique dominant, une transgressivité des limites morales et culturelles, une force critique de liberté individuelle, il est notable que dans le contexte de la fin du XXe siècle et du XXIe naissant, ce concept se voit largement valorisé. La figure du rebelle anti-conformiste aux pratiques mobiles, à l’état d’esprit fluide, ouvert à l’autre et doué d’une flexibilité mentale visant une liberté toujours plus grande, cette figure même que revendiquait la contre-culture originelle, semble bien dominer les nouvelles mentalités. Ce qui est en effet dominant aujourd’hui, n’est ce pas ce qui était contestataire et subversif au début des années 1960 ? N’assiste t-on pas à un procès d’abolition des hiérarchies, d’interchangeabilité, d’in-différence, de mixage et d’exaltation de l’individu, attitudes précisément qui le coloraient alors ? On le voit, le concept de contre-culture hérité des années 1960 ne va plus de soi dès lors qu’il s’érige à la fois comme le témoignage d’une contestation mais également comme le symptôme d’une adéquation à l’idéologie dominante culturelle. Il est dès lors problématique de persister à attribuer des vertus contre-culturelles à des attitudes et des pratiques nées dans cette époque révolue, c’est-à-dire opposées aux valeurs sociales dominantes sinon libres d’idéologie, si toutefois on s’accorde sur la fonction émancipatrice de l’art. En outre et surtout, on mesurera la difficulté de ces questions et l’urgence de la résolution des problèmes qu’ils posent aux artistes, dans la mesure où ces principes sont aussi les valeurs suprêmes du néolibéralisme qu’on peut estimer responsable des désastres humains et écologiques précipitant le monde dans un avenir plus qu’inquiétant. L’identité de valeurs ainsi posée entre postmodernisme et néolibéralisme ne peut alors qu’alerter celles et ceux qui trouvent dans le concept « contre-culture » leur légitimité subversive. Par conséquent, si l’on s’en tient à la définition de Hans Ulrich Gumbrecht, se posent les questions suivantes : qu’est-ce qu’une contre-culture aujourd’hui ? A qui importe d’être créativement libre ? N’est-il pas prioritaire de lier la question des valeurs fondamentales socio-constructives de l’individu à celle de la définition « contre-culturelle » que l’artiste donne à sa pratique ? Comment maintenir la charge subversive implicite de cette « contre-culture » visant à l’émancipation du sujet ? Y a t-il des pratiques plastiques artistiques alternatives témoignant de cette conscience ? Quatre axes seront ainsi explorés : • la contre culture d’aujourd’hui ; • l’utopie contre culturelle ; • les formes artistiques proposant une dimension contre-culturelle, qu’elles soient celles de l’art contemporain, de la culture de masse, du mainstream, de la sub-culture ; • la contre-culture par transferts et la contre-culture transmédia.

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